La vie n’a plus de saveurs. J’ai perdu la totalité de mes capacités sexuelles.  Je n’arrive plus à m’instruire autrement que par le biais de mon encéphale. Des spasmes infernaux secouent mon corps maladif à la peau translucide à chaque fois que je tente de manger, de me laver ou même de voir la lumière du jour. Je sais que je n’ai plus rien d’humain.  De puissantes doses de speed me permettent de me lever et la kétamine de me coucher. Mon organisme n’est plus autonome. En permanence, il est assisté par des prods, bien que le valium ne calme plus mes crises d’angoisses et mes tendances épileptiques. Mon visage se transforme : mes yeux vides couleurs rouge sang  sont recroquevillés profondément au fond de mes orbites entourés de larges cernes noirâtres, mes joues creusées rehaussent mes pommettes plus saillantes que jamais, mon nez et mes lèvres, décharnés, renforce la sensation de livide que je ressens en me regardant dans la glace. Ma santé y passe aussi. Mes tympans tressaillent  à chaque fluctuation de sang bouillant, la muqueuse de mes lèvres sèches se craquèle, tombe et saigne,  l’intérieur de mes narines, à vifs, est immaculé d’une fine pellicule de sang, mes doigts dont les ongles sont tous tombés me font souffrir le martyr à chaque manipulation. Je suis un monstre fou. Mais bien que j’ai perdu la raison, je conserverais, et sous n’importe quel dose d’acide je le crois : ma raison.